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Les séminaires de l'équipe "Emotion, Cognition, Comportement" : Effet intérférent des stéréotypes de genre sur les performances des filles en mathématiques et des garçons en lecture

Publié le 31 janvier 2017 Mis à jour le 1 février 2017

Le séminaire est présenté par Madame Isabelle REGNER, Maître de Conférences, HDR, Directrice de l'équipe Cognition et Contexte social à l'université d'Aix-Marseille

Date(s)

le 9 mars 2017

15h30-17h30
Lieu(x)

Bâtiment Alice Milliat (S)

Amphi S2
Plan d'accès
La sous-représentation des femmes dans les filières et carrières scientifiques est un constat récurrent au niveau international. Problématique pour de multiples raisons, notamment éthiques, juridiques, et économiques, cette sous-représentation est également au coeur du débat sur l’idée d’une infériorité des femmes dans les sciences dites « dures ». Observée à partir de tests standardisés, l’infériorité des femmes serait évidente à partir du lycée, principalement en mathématiques, et sur les items les plus difficiles des tests. D’où l’idée qu’en mathématiques, les femmes atteindraient leurs “limites biologiques” plus vite que les hommes. Depuis une vingtaine d’années, les travaux sur l’effet de menace du stéréotype (Steele, 1997) ont permis d’apporter un nouvel éclairage sur les inégalités hommes/femmes en mathématiques. Les différences observées sont considérées comme l’expression de contraintes sociales et culturelles (plutôt que de contraintes essentiellement biologiques) en rapport avec l’action d’un stéréotype forçant les femmes à se comparer défavorablement aux hommes dans les disciplines scientifiques. Confrontées à des tests difficiles, les femmes subiraient une pression supplémentaire liée à la crainte de confirmer ce stéréotype. L’anxiété et la distraction cognitive qui en résultent viendraient interférer avec la réalisation du test et conduiraient les femmes à produire des performances suboptimales. Mes travaux dans ce domaine ont permis notamment :
1) de montrer que le phénomène de « menace du stéréotype » (MS) n’est pas restreint aux femmes adultes testées en situation de laboratoire mais peut s’observer également chez les filles en situation de classe habituelle (Huguet & Régner, 2007, 2009 ; Régner et al., 2014),
2) d’identifier des actions efficaces et écologiques permettant de réduire l’effet de MS (Smeding, Dumas, Loose, & Régner, 2013), et 3) de montrer qu’une capacité élevée en mémoire de travail constitue un avantage indéniable chez les femmes des Grandes Ecoles d’Ingénieur pour faire face au phénomène de MS (Régner et al., 2010). Plus récemment, nous avons également mis en évidence l’effet interférent des stéréotypes de genre chez les garçons en lecture (Pansu, Régner, et al., 2016). Les effets de MS dans ce domaine, cette fois à la défaveur des garçons, ont été largement négligés alors même que les écarts de réussite entre filles et garçons sont trois fois plus grands en lecture qu’en mathé-matiques (PISA OCDE, 2014).
L’ensemble de ces résultats montre à la fois la force des stéréotypes négatifs mais aussi les différentes possibilités de contrer cette menace situationnelle

Mis à jour le 01 février 2017